La remédiation informatique : qu’est-ce que c’est ?

Le terme remédiation désigne l’ensemble des opérations destinées à reprendre le contrôle du système d’information à la suite d’un cyber-incident et de le reconstruire sur des bases saines. Ces opérations consistent à réparer les dommages, à éliminer les vulnérabilités et à restaurer la sécurité du réseau.

Bien plus qu’un simple « retour à la normale », la remédiation permet d’éviter que d’autres incidents similaires se produisent et assure des résultats durables dans le temps. Si le pilotage de la remédiation est correctement mené, elle peut améliorer significativement la résilience de l’entreprise.

En quoi est-ce essentiel pour une entreprise ?

Dans un monde où la cybercriminalité représente un risque majeur, les entreprises doivent se préparer à affronter tous types de menace afin de garantir leur cyber-résilience. Être en capacité de se relever d’un cyber-incident, de minimiser son impact et d’assurer la continuité de son activité constitue aujourd’hui des enjeux cruciaux.

La remédiation informatique s’inscrit parfaitement dans cette démarche. Elle est l’une des composantes essentielles d’un plan de réponse aux incidents de sécurité, aux côtés de l’investigation et de la gestion de crise.  Elle contribue pleinement à la neutralisation de la menace, la réduction des vulnérabilités et à la préservation de l’intégrité du système d’information.

Elle minimise les dommages résultant d’un cyber incident tels que les pertes financières, les interruptions d’activité, la compromission de données ou encore détérioration de l’image de marque. Elle s’assure également que l’entreprise ne soit pas à nouveau victime d’un incident similaire à l’avenir.

Le pilotage de la remédiation : le principe  » E3R  »

L’agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) a récemment publié un guide dans lequel il délivre les principes de pilotage et de la mise en œuvre d’une remédiation au sein d’une organisation. Ce document détaille les différentes étapes du processus de remédiation présentées sous l’acronyme E3R pour Endiguement, Eviction, Eradication et Reconstruction. Nous vous résumons tout ci-dessous :

#1 – Endiguement de l’attaquant

La 1ère phase de la remédiation consiste à freiner la progression de l’attaquant au sein de son système d’information. Les mesures prises lors de cette étape ont pour objectif de limiter l’impact et l’aggravation du cyber-indicent, tout en offrant aux équipes informatiques le temps nécessaire pour s’organiser.

Elles s’articulent autour de la compréhension de l’incident, la conservation des preuves, la limitation des dommages et la protection des informations sensibles ou nécessaires à la reconstruction.

#2 – L’éviction du cœur de confiance

La phase d’éviction vise à recréer une zone sécurisée afin d’y mener les actions de reconstruction et d’éradication. Cette « zone », appelée cœur de confiance, est un socle système et réseau hors de portée de l’attaquant, bénéficiant de moyens d’administration fiables.

Cette étape doit faire l’objet d’une préparation minutieuse afin que le cœur de confiance soit de nouveau compromis et d’éviter recommencer la remédiation depuis le début.

#3 – L’éradication des emprises de l’attaquant

Il s’agit de la troisième et toute dernière étape avant « le retour à la normale ». Son objectif est de libérer le système d’information de toute emprise, même mineure, de l’attaquant. Lors de cette phrase, les équipes informatiques travaillent à partir du cœur de confiance établi lors de l’étape précédente.

Leurs principales actions consistent à supprimer les accès de l’attaquant et de s’assurer qu’aucune porte dérobée ne soit laissée à sa disposition. La mise en place d’une supervision de sécurité est nécessaire pour détecter toutes tentatives de retours qui n’aurait pas été anticipées.

#4 – La reconstruction 

La reconstruction n’est pas une étape à proprement parler. Il s’agit d’une activité réalisée en parallèle de la phrase d’éviction et d’éradication. Elle consiste à rétablir et à sécuriser les services informatiques. Pour mener à bien la reconstruction, il existe deux approches alternatives :

 

  • La reconstruction par l’isolement qui consiste à couper le système d’information en sous-réseaux isolés entre eux.
  • La reconstruction par sanctuarisation qui consiste à créer un nouveau réseau sain dans lequel les services assainis sont réinstallés ou réintégrés progressivement.
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Source : ANSSI – Volet stratégique de la remédiation

Le pilotage de la remédiation : le principe « E3R »

La réussite d’une remédiation informatique n’est pas le fruit du hasard. Tout est une question de préparation, de structuration et de planification. Pour vous aider dans la conception et le pilotage de votre projet de remédiation, voici 5 recommandations :

#1 – Fixez des objectifs stratégiques en fonction des priorités métiers

 

Les objectifs stratégiques ont pour but d’orienter les actions de remédiation. Ils servent de fil rouge pour les équipes informatiques et assurent le bon déroulement du plan. Ces objectifs doivent être fixés en prenant en compte les priorités métiers afin d’éviter au maximum l’interruption partielle ou totale de l’activité. Ils doivent être établis en étroite collaboration avec les responsables des processus métiers de votre organisation.

 

#2 – N’agissez pas dans la précipitions

Ne prenez pas des décisions hâtives. Prenez le temps de comprendre et de vous faire expliciter toutes les options possibles pour faire le meilleur choix pour votre entreprise. N’hésitez pas à vous appuyer sur une prestataire externe si besoin. La remédiation est un marathon, elle peut prendre plus semaines, voire plusieurs mois. Mieux vaut consacrer du temps à cette opération vitale, quitte à retarder le retour à la normale, plutôt que de précipiter les choses et de risquer à nouveau l’incident.

 

#3 – Ayez une vision à long termes

Les investissements et les moyens donnés au pilotage de la remédiation sont déterminants pour l’avenir d’une entreprise. Ils conditionnent la manière dont l’activité normale va reprendre et dont la gestion de la sécurité sera ensuite assurée.

 

#4 – Assurez la bonne communication et coordination des équipes 

La remédiation est un processus complexe qui inclut une forte part de communication et de coordination. La réussite de ce projet découle de votre capacité à maintenir le cap, synchroniser les messages entre les différentes parties prenantes mais également à gérer le moral de vos équipes.

 

#5 –Collectez les retours d’expérience à chaud 

Comme toute activité relative à la gestion d’incident, la remédiation doit faire l’objet d’un recueil de retours d’expérience. Ces retours permettent de comprendre ce qui a fonctionné et ce qui, au contraire, n’est pas à reproduire. Tirer des enseignements de ces expériences est essentiel afin de se préparer efficacement à d’éventuels futurs incidents. Ils contribuent également à alimenter le processus d’amélioration continue de la sécurité de l’organisation.

 

Source : ANSSI, Piloter la remédiation d’un incident cyberhttps://cyber.gouv.fr/piloter-la-remediation-dun-incident-cyber – 2024

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